Premières planches !

Une longue période de pluie menaçait, et le jardin semblait réssuyé. Alors le Biau Jardinier a fait plusieurs trous à la bêche, observé la terre, constaté que c’était bon et a «sauté» sur le matériel.

Çà a fini en «travail au noir» !

Alors bien sûr, il a mangé un peu tard… mais avec la conscience tranquille du travailleur qui a réussi à faire à temps ce qu’il fallait !!!  Parce qu’effectivement, à peine le travail fini, toute la nuit puis tout le lendemain, et ben il a plu comme prévu, et il en descendait pas mal, alors pour le travail du sol en conditions diurnes, si il avait attendu, et ben ça aurait été gravement râpé !

Préparer des planches çà peut être un peu long, parce que plusieurs passages sont nécessaires : avant de monter la butte permanente, il y a le broyage avec le broyeur, puis le déchaumage de l’engrais vert.

Déchaumage au roto.

Le déchaumage est assuré au rotovator. C’est un outil qui a souvent mauvaise presse du côté des écolos, du moins chez ceux qui croient qu’il s’utilise en dernier, comme outil de finition avant semis (c’est à dire en fait souvent pour tenter «d’améliorer» une préparation de sol qui a été ratée par précipitation en condition trop humide, ou à cause d’une rotation des cultures trop rapide par choix d’une méthode intensive). Le roto, les Biaux Jardiniers, trouvent que c’est un plutôt  bon outil… mais uniquement quand il est utilisé en premier ! Parce qu’ils travaillent en planche permanente, et prennent le temps de cultiver beaucoup d’engrais verts… dont l’assimilation par le sol demande plusieurs semaines en conditions aérées, après déchaumage soigneux… et justement… au rotavator : il est ainsi utilisé superficiellement, donc porté par le relevage et son contrôle, ce qui n’est évidemment pas le plus ergonomique puisqu’il faut passer pas mal de temps en torsion.

Les Biaux Jardiniers utilisent cet outil avec le tablier légèrement relevé, les lames en rotation assez lente, et le tracteur en vitesse d’avancement assez rapide : tout çà pour ne pas affiner. Et bien çà déchaume pas mal les engrais verts, petits ou grands.

Tout cela avec un matériel peu couteux et durable : le rotovator des Biaux Jardiniers a juste fêté sa 38ème annuité de travail consciencieux… et la direction de l’entreprise n’est pas disposée à lui laisser faire valoir ses droits à la retraite !

Planche à la butteuse.

Une fois déchaumé l’engrais vert, ce qui a été assez long parce qu’il y avait pas mal de planches à travailler, un peu partout dans divers carrés du jardin en fonction du plan de culture, est venu le temps de l’incorporation, avant les pluies imminentes. Et vue l’heure, çà a été le début du travail au noir… assumé par un passage de la butteuse. Cet outil autoconstruit incorpore très bien l’engrais vert car il apporte la bonne aération nécessaire à sa fermentation, et initie donc son assimilation dans de bonnes conditions (aérobies).

Le relief important que cet outil crée dans la planche permanente par un travail assez grossier avec suffisamment de mottes aide à garantir le bon écoulement des eaux, et sans érosion, donc évite l’étouffement de la butte par les intempéries ultérieures. Et bien sûr, comme toujours avec le travail en planche permanente, et contrairement au système labour, il est bien facile de ne préparer exactement que les seules planches qu’il y a besoin de mettre en culture. Ce qui laisse encore du temps pour se développer aux engrais verts des planches voisines qui seront mises en culture plus tardivement.

La butteuse, auto-construite (pour le seul prix de la ferraille dans le cadre d’une formation «qualifiante») entame sa dixième année de bons et loyaux services. Sa construction en stage avec Adabio auto-construction aura donc été non seulement une belle aventure humaine et agronomique, mais une belle économie.

Quand toutes les planches déchaumées ont été buttées, et bien il a commencé à pleuvoir «pour de vrai». De tous points de vue, le Biau Jardinier pouvait ranger tout le monde à l’abri.

Ce fut donc une belle soirée teuf teuf… avec un Biau Jardinier humide et affamé, deux tracteurs, deux outils rotatifs, et un autoconstruit. Mais… Hein ? Tous ces investissements ? tous ces «gros tracteurs» ? Chez un petit maraîcher Bio diversifié ! Oui…. c’est pas du maraîchage industriel ???… de droite à gauche :

  1. le roto - quadragénaire sous peu - attelé au Case qui travaille depuis 14 années
  2. la butteuse autoconstruite (dix ans d’âge, tel un bon whisky) attelée au Kubota qui travaille depuis 12 années
  3. et «last but not least», tout à gauche, équipé d’une bennette trentenaire, ce brave Massey, qui sera quinquagénaire dans quelques années.

Après la douche et la soupe (bien mérités), le Biau Jardinier s’est il endormi en faisant des rêves de médaille du travail ??? Bof ! Probablement pas !! N’empêche, quelques jours plus tard, il pouvait constater qu’il avait eu bien raison de prolonger un peu la journée en question ! C’est beau, hein ?

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