Les biefs qui collectent les eaux des fossés de la commune marquent la limite de la prairie.

Et c’est par eux que s’évacue un peu, beaucoup… ou pas du tout vite la pluviométrie locale.

Même si en prairie de Seille, certaines parcelles ont été plantées en monoculture de peupliers - car toutes les communes n’ont pas fait le choix d’imposer de limites à ces plantations qui aggravent les conséquences des crues par les embâcles et ralentissements que les troncs provoquent - d’autres sont plus riches de biodiversité, notamment grâce à la présence de plusieurs espèces d’arbres (aulne glutineux, frênes, chênes, etc…) certains menés en taillis.

Notre Biau Jardin est séparé de la prairie par quelques hectares très humides de prés inondables. Et on peut dire «des fois, çà arrive pas bien loin».

Il est fréquent que la Seille soit haute et donc ralentisse le débit des biefs qui débordent alors que la Seille n’inonde pas. Ceci participe à rendre incultivables ces parcelles en bordure de prairie, et le foin est délicat à y faire : les fermiers précédents faisaient pâturer en été jusqu’à il y a une cinquantaine d’années. Nous avons choisi de gérer ces deux hectares plutôt comme une réserve source de diversité biologique naturelle.
- Bassin de rétention des eaux collectées par le drainage du jardin,
- fauche tardive préservant la faune,
- entretien léger et différencié, etc…
favorisent l’implantation ou le passage de très nombreux oiseaux qui sans cela ne fréquenteraient probablement pas tant notre Biau Jardin !

Les batraciens qui s’y installent aident à peupler le jardin de ces auxiliaires mangeurs de limaces.

Les crues de la Seille ensemencent régulièrement le bassin en poisson qui attire le héron cendré, etc…

Milieu favorable aux saules et aulnes glutineux, leur entretien par coupe sélective environ tous les 12 à 15 ans permet de produire du bois de chauffage. Une fois transformé en plaquette forestière, cela permet de subvenir de manière autonome et écologique à la demande de chaleur de ceux des locaux du bâtiment professionnel agricole qui en ont besoin, et de la maison des fermiers. C’est le cycle vertueux de ce mode de chauffage !

Un grand nombre de végétaux (fritillaire pintade, orchidée, lèche, etc…) s’y multiplient, qui sans ce mode «improductif» de gestion de ces parcelles ne trouveraient pas leur place ailleurs.

Nous prenons soin d’y laisser se développer quelques chênes qui s’y sont implantés spontanément, mais le but n’est évidemment pas de transformer cette zone de prairie humide ouverte en bois.

Nous travaillons à respecter les caractéristiques propres de ces parcelles ouvertes, riches de la biodiversité des lieux humides situés juste en dessous du jardin.

Il nous semble que cela apporte une ambiance bénéfique pour le jardin, pour ses cultures. Et pour les Biaux Jardiniers aussi, qui sont très attachés à la qualité de leur cadre de vie agricole et rural. Paysans dans une région humide, en bordure de la prairie de Seille, avec tous ses avantages comme ses inconvénients, il nous paraît que la sagesse consiste à l’accepter pleinement.
