Poireau.

Poireau bocager entre engrais vert de phacélie et bande fleurie multi-espèces.

Point de vue syndical.

Le poireau est cultivé à très grande échelle sur de grosses exploitations spécialisées : très grandes parcelles, mécanisation complète de la culture comme de la récolte, fertilisation intense, rendement conséquent, économie de main d’oeuvre… le prix de revient en est donc assez bas, beaucoup plus bas qu’en maraîchage diversifié.

Puis, une fois récolté, le poireau n’est pas encore en état de rejoindre le panier du mangeur de légumes, puisque le producteur doit encore le rendre présentable :

  • couper les racines pleines de terre
  • couper les feuilles vertes trop longues
  • éplucher les feuilles extérieures abîmées par l’hiver
  • trier les «vilains» et autres trop tordus
  • et bien sûr laver le poireau. Avec de l’eau. Potable car le poireau est une denrée alimentaire.

Et pour faire cette dernière opération, il y a le choix entre :

  1. la préparation manuelle qui demande énormément de temps de travail
  2. et la préparation mécanique qui demande un gros investissement (matériel + surface de bâtiment)

Exercice de calcul syndical. Sachant que…

  •     par définition, le consommateur final ne connaît ni la technique de production ni ses conséquences sur le prix de revient
  •     par système, sa seule manière d’apréhender le prix lors d’un achat est donc la seule comparaison immédiate de la seule étiquette à l’instant de l’achat
  •     par civilisation le contexte commercial est libéral,

résoudre l’équation du problème :

  • … combien, pour être rémunéré de son travail, le paysan doit il vendre le poireau bio de maraîcher Bio bressan diversifié ?
  • … combien l’acheteur accepte-t-il de payer le poireau Bio de maraîcher Bio bressan diversifié ?

Conclusion : les Biaux Jardiniers ont un peu de mal à se rémunérer décemment des heures de travail poireau… ils font pourtant pas mal d’efforts…

À la cuisine.

Salade et bouillon…

… le grand classique. On cuit les poireaux à l’eau filtrée. On fait une vinaigrette, assez relevée, pour manger les poireaux en salade tiède. On condimente l’eau de cuisson à son goût pour la boire en bouillon. Le bouillon peut se transformer en soupe si on y a versé des flocons de céréale.

Gratin tout végétal

On coupe finement 2 poireaux pour les faire fondre à feu doux 10 minutes dans une poêle. Pendant ce temps, on fait cuire 1.5 verre de pil-pil dans 2.5 fois son volume d’eau. Cuisson du pil-pil :

  • cuisson type 1 : quand l’eau bout, on met le boulghour et on laisse la cuisson continuer 5 minutes;
  • cuisson type 2 : quand l’eau bout on met le boulghour, on couvre, on éteint, on attend 20 minutes;
  • cuisson type 3 : on met le pil pil dans un bol, on verse dessus le même volume d’eau portée à ébulition puis salée, on couvre et laisse gonfler 10 minutes.

Pendant la cuisson du pil-pil, on fait une béchamel avec 2 cuillères d’huile d’olive, une de farine et 1/3 de litre de lait végétal. On mélange les poireaux à la béchamel. Dans un plat huilé, on étale le boulghour, puis le poireau à la béchamel puis on rape du comté. Cuisson 20 minutes au four. En fin de cuisson, on peut parsemer sur le dessus des flocons de levure.

Tarte.

Couper finement les poireaux (plus fin le vert que le blanc) et cuire sans gras à l’étouffée jusqu’à ce qu’ils soient tendres. Faire une pate à tarte. On y écrase sur le fond 1 fromage de chèvre (les amapiens chanceux se régaleront avec ceux de Yves Fraçois 69 420 Tupin et Semons). On y étale un mélange homogène fait de 175 ml de lait vgétal, une cuillère à soupe de moutarde, 1 cuillère à café de curry, du sel. Mettre les poireaux cuits et égouttés.
45 minutes au four à 180°

Oeuf cocotte aux herbes.

pour 4, on utilise 2 poireaux lavés, émincés en très fines lanières, cuisson 3 minutes au cuit vapeur. On en garnit 4 ramequins, on y casse un oeuf (de poule, bio). On ajoute une c à c de crème fraîche (de vache, bio), une pincée de graine de fenouil ou de cumin réduite en poudre, et un petit peu de comté rapé. Assaisonnement. Cuisson 4 minutes au cuit vapeur (pas trop : blanc pris, jaune coulant).

Au jambon.

C’est la même recette que l’endive au jambon béchamel, avec du poireau précuit 15 / 20 minutes à la vapeur.

Dans les livres.

Le poireau est de la famille des aliacées, où il se trouve en compagnie de notamment ail, oignon, échalote, ciboulette, etc… C’est une plante bisannuelle : la fleur, puis donc la graine, n’initie sa formation que après l’hiver qui en suit la culture. Ci dessous photo de poireau porte graine de semence paysanne d’une variété cultivée par Gérard et Violaine au Champ des Hérissons (LIEN), dans le Maine et Loire.

photo Pascal Xicluna

Au jardin.

La culture du poireau s’étale sur un temps très long : un peu plus d’une année entre le semis de la graine et la récolte du dernier poireau d’hiver ! La graine est semée en motte en début de printemps. Quelques semaines plus tard, la motte est repiquée en pépinière pour produire les plants. Les plants sont arrachés en début d’été et préparés pour être plantés en terre. La récolte est échelonnée tout l’hiver, les dernières récoltes des variétés les plus tardives se prolongent jusqu’au début du printemps.

Production du plant.

Plusieurs possibilités concernant l’approvisionnement du jardin en plant de poireau.

  1. Il est possible d’acheter le plant «prêt à l’emploi» par l’intermédiaire de semenciers ayant diversifié leur offre commerciale en fourniture de plants, fréquemment même importés.
  2. Quelques fourniseurs aussi distribuent du plant qu’ils ont commandés auprès de certains producteurs spécialisés de grandes régions de culture maraîchère ou légumière, qui ont trouvé là une possibilité de diversification de leur production. Nous nous fournissons auprès d’eux pour certaines variétés.
  3. Les Biaux Jardiniers essaient aussi de «relocaliser» ce qu’il est possible, donc de produire eux-mêmes une partie de leur plant dans leur pépinière, à partir de mottes soit auto-produites soit actuellement semées par Vincent leur fournisseur de plant spécialisé 100% plant bio (grand merci à lui !). Ce qui laisse une complète liberté de choix des variétés (merci Vincent !) et apporte aux plants une potentielle meilleure adaptation au milieu dans lequel ils devront se développer. C’est la solution nettement la plus couteuse.

Les caisses de mottes sont donc dans un premier temps acclimatées dans notre serre à plants avant plantation non pas définitive, mais en pépinière.

Pépinière.

Les planches de pépinière de poireau étaient couvertes par un engrais vert hiverné pour protéger le sol de l’érosion et des lessivages durant tout la saison froide. Elles sont préparées en début de saison (incorporation de l’engrais vert après broyage, itinéraire technique habituel du travail en planche permanente). Les mottes sont plantées manuellement dans les planches de pépinière.

Mottes de poireau repiquées pour la production de la pépinière de plants.

Si besoin, un nouvel engrais vert à pousse rapide peut être semé sur les autres planches du carré, de façon à valoriser au maximum par l’énergie solaire et la photosynthèse cette période disponible. C’est le cas si on fait la ppinière dans le carré où la culture de poireaux sera menée.

Protection de la pépinière.

Concernant la pépinière, il faut pouvoir la protéger de la mouche mineuse Phytomiza gymnostoma, parasite qui peut faire d’énormes ravages. Les Biaux Jardiniers utilisent dans ce but divers types de filets à mailles plus ou moins grosses, et à effet thermique plus ou moins prononcé. Ils sont posés sur des arceaux dans le but d’éviter les piqures de nutrition ou que le parasite n’arrive à introduire son ovopositeur pour pondre à travers les mailles. Les Biaux Jardiniers installent donc les arceaux le plus souvent dès après plantation de la pépinière puisqu’il faut à cette période faire face soit à l’excès de froid, soit aux premier vols de mouche mineuse.

Le filet est amené à pied d’oeuvre avec l’aide du dérouleur bricolé d’origine locale.

Puis les filets sont installés, lestés.

L’enjeu est de pouvoir couvrir efficacement la pépinière de cette barrière physique pendant les périodes de vol de l’adulte empêchant ainsi le parasite de piquer le poireau pour se nourrir ou y pondre.

Entretien de la pépinière.

Les Biaux Jardiniers font l’entretien de la pépinière avec de petits outils manuels, par alternance de binages et de mini-buttages.

Pour limiter le nombre de binages manuels nécessaires à l’entretien de la pépinière, les allées permanentes peuvent être couvertes d’une toile de paillage, puisque, c’est la «logique planches permanentes» rien ne sert d’ameublir et faire nitrifier des bandes de terre dont le rôle est de se faire tasser par des roues de tracteur ou des pieds de Biaux Jardiniers !

À force de temps, et d’entretien, les plants grandissent et forcissent. À noter que l’engrais vert, à gauche, cette année là à base de sarrasin, s’est joliment développé ! La bande fleurie, à droite, aussi !

En prévision de la plantation de poireau, l’engrais vert est incorporé quelques semaines en avance,

avec notamment un passage de butteuse.

L’entretien de la pépinière se prolonge tant que les plants n’ont pas le calibre suffisant.

La préparation des planches pour la plantation de poireau continue elle aussi : ameublissement de tout le profil de la planche de culture avec le cultibutte, faux semis pour détruire préventivement les herbes adventices, etc…

Préparation du plant.

La pépinière de poireau est arrachée, les plants sont «habillés» pour être plantés un à un.

Arrachage de la pépinière de poireau

Habillage manuel des poireaux avant plantation

Ça produit du «déchet»… pas mal de «déchet»… biodégradable…

Les feuilles et racines du plant de poireau sont "habillées"...çà compostera !

Les différentes variétés sont rangées dans des cagettes de différentes couleurs : ce serait dommage de risquer de les mélanger et de ne pas pouvoir tirer de leçon de ce qui sera observé pendant la saison de culture et au moment de la récolte…

Les plants prêts pour le repiquage sont stockés au frais en attente de plantation.

Plantation au champ.

La plantation du poireau est mécanisée.

Mise en place des poireaux avec la vieille planteuse

Elle se fait avec une vieille machine quasi sexagénaire… et toujours pas en retraite ! Elle mobilise trois personnes : celle qui conduit le tracteur, et deux autres qui mettent les plants un à un

dans chacune des pinces des distributeurs qui, en tournant avec l’avancement, les posent en fond du sillon ouvert par le soc planteur.

Selon les conditions climatiques de l’année, les équipement mobilisés peuvent etre différents…

Les roues tasseuses de la planteuse bornent les plants pour favoriser un bon contact terre / racines.

C’est le genre d’opération qui dure : alors on commence la plantation par un côté du carré, bien sûr souvent au bord d’une bande fleurie

et puis on s’obstine… on s’obstine…

La plantation des poireaux, çà dure, çà dure...

On ne fait pas forcément toute la plantation le même jour, d’autant plus en année de restriction d’arrosage.

Mais en année humide, la plantation peut aussi être interrompue à l’initiative de la météo !

Mais à force d’obstination, on en arrive toujours à l’autre bout… c’est à dire… éventuellement… près de l’autre bande fleurie pour auxiliaires. Youpi !

Dans tous les cas, c’est assez long, car pour avoir le temps de mettre la densité de plants voulue, il faut avancer en vitesse «rampante» : environ 200 mètres à l’heure.

Plantation de poireau en vitesse "rampante".

Alors du coté des planteur(e)s, c’est confort, mais attentif et répétitif… Du côté tractoriste, c’est confort aussi… mais genre «hyper statique»… alors l’ennui règne !

Et parce que à 0.2 km/heure, les risques d’accident brutal sont assez faibles, alors, pour éviter l’ankylose, on adapte les positions… avec cependant l’attention en éveil parce que de temps en temps, l’équipe plantation envoie de brèves consignes rectificatives, du genre «stop!» ou «remonte!» ou «baisse un peu !», et il y a toujours le point d’exclamation au bout !! Le conducteur doit être réactif !!!

Sinon, on peut même se lancer, parallèlement à la conduite, (et puisque si il existe bien un Code de la Route et un Code Rural, il n’existe pas de code du jardin, alors y règne une absence totale de radar pylone) dans quelque activité complémentaire type sms avec les collègues… qui, pour certains, sont eux aussi en repiquage de poireau ! Et se désennuient en envoyant un sms, une photo, une vidéo… aux collègues… Ça remonte le moral…

Entretien.

Contre la sécheresse.

Sitôt la plantation, commencent les arrosages.

qui peuvent en cette saison être assurés pour partie par des orages… parfois…

Le binage doit alors au plus vite ameublir le sol qui a été tassé en surface par la violence des gouttes d’eau.

Même avec un sol bien pourvu en matières végétales, il risque la battance lors de la reprise

Problème que n’apporte pas l’arrosage des Biaux Jardiniers qui utilisent des asperseurs à bas débit, donc à fines gouttes. Mais le premier binage ne doit pas tarder, parce que : si les plants ont bien repris, c’est qu’ils ont été bien arrosés… c’est donc que les arrosages ont aussi… fait lever des graines d’herbes adventices.

Contre l’enherbement.

C’est l’intérêt des plantations «en creux» : le premier binage entre rangs, en y faisant descendre la terre, «couvre» les plantules d’adventices levées sur le rang lui-même,

sans nécessiter d’outil qui, en travaillant très près du poireau risquerait d’affaiblir trop les jeunes plants encore en cours de reprise depuis peu de jours, donc au système racinaire fragile.

Les passages d’entretien de la culture continuent, tous les 8 à 10 jours environ, en alternant plusieurs outils différents en fonction de l’objectif recherché et bien sûr, des conditions météo.

Les Biaux Jardiniers disposent donc de plusieurs outils puisqu’il faut pouvoir faire face aux différentes situations au fur et à mesure de la culture :

  • binage très superficiel et en plein au plus tôt après plantation avec la herse étrille en conditions séchantes, et ensuite tant que les poireaux sont en début de végétation, de façon à détruire les levées d’adventices sur toute la largeur de la planche permanente donc entre les rangs en même temps que SUR le rang lui-même,

  • bineuse guidée avec dents rigides et socs en patte d’oie entre les rangs, complétée par les doigts souples de binage

Doigts de binage pour détruire les levées d'adventices sur le rang lui-même.

pour «faire» sur la ligne de poireau elle-même

  • en alternance avec des mini-buttages :

En effet, amener de la terre sur le rang pour «boucher» les plantules adventices en cours de levée, et au passage suivant déranger ce même volume de terre avec les doigts de binage pour qu’elle retombe permet d’espérer limiter à très peu le temps nécessaire pour passer «fignoler» à la main.

Car c’est bien l’objectif : une culture sans adventices, avec le minimum d’heures de pénibilité manuelle.

  • Les Biaux Jardiniers peuvent faire des passages soit de doigts souples, soit des buttoirs d’une barre porte-outils, soit des étoiles de binage réglées selon le besoin de la culture et la présence d’adventices pour butter ou dé-butter plus ou moins fortement, etc…

Le besoin est de devoir s’adapter quasiment chaque semaine à différentes situations ; la conséquence est donc de devoir disposer de plusieurs outils… La solution est ainsi d’investir… dans des matériels économiques, le plus souvent d’occasion ou auto-construits (du moins si on ne bénéficie pas du soutien d’une fondation suisse ou monégasque… ou bien, solution assez répandue, d’un bataillon de woofers…)

Alternance binage/buttage pour éliminer les adventices sur le rang
  • C’est ensuite la fameuse BPO, la barre porte outils auto-construite, qui est utilisée quasi chaque semaine : pour biner et/ou butter. Tout seul.

Ce que nous appelons donc «auto-biner», ou «auto-butter» => Reportage détaillé en photos ICI

 

  • Bien sûr la barre porte outils permet «en même temps» le binage superficiel des allées. Travail complet de la planche de culture entre et sur les rangs, plus travail des allées entre les planches. Avec un seul outil. Construit à peu de frais. Donc faible investissement. Travail par une seule personne. Donc gain de temps. Donc possibilité de passage hebdomadaire. Donc culture potentiellement très propre sans aucun passage manuel d’arrachage des herbes adventices. Donc horaires de travail non esclavagistes.

Contre les parasites.

Pour empêcher Phytomiza gymnostoma de pondre ses oeufs dans les poireaux, les Biaux Jardiniers installent des filets anti-insectes au moment des vols des adultes, les années où c’est nécessaire.

Pose de filets pendant les vols de Phytomiza

Il faut les enlever à chaque intervention mécanique, puis les re-poser… Mais attention : leur présence, puisqu’elle limite l’aération autour des plantes, a tendance à favoriser les maladies, ce qui ne simplifie pas la vie du «pov› paysan» (Bio) !

Le poireau est une culture à fort enjeu :

  • quelques parasites et maladies sont parfois agressifs,
  • l’entretien de la culture est exigeant,
  • le rendement final est relativement faible,
  • la préparation avant vente est longue,
  • le mangeur n’imagine pas plus un hiver sans poireau qu’un été sans tomate,

… pas question d’en manquer dans les paniers !!!

Récolte.

Les Biaux Jardiniers utilisent leur souleveuse (achetée d’occasion, et plus que trentenaire) pour récolter le poireau.

Ou bien une lame souleveuse montée sur la fameuse BPO, la Barre Porte Outils autoconstructible.

Arrachage du poireau avec la lame souleveuse montée sur une BPO (barre porte outil auto-construite)

Le passage de ces outils dérange les rongeurs… qui s’affolent… et fuient la machine… s’exposant ainsi à nos auxiliaires de lutte biologique ! Crac !

Lutte bio contre les rongeurs lors de l'arrachage de poireaux

Et c’est ainsi que la récolte de poireau s’échelonne «tous les de temps en temps» tout au long de l’hiver.

La récolte de poireau est échelonnée tout au long de l'hiver.

Le poireau passe tout l’hiver au jardin.

Les intempéries qu’il rencontre participent à abîmer plus ou moins le feuillage, ce qui amène plus ou moins de travail d’épluchage après récolte. Et plus ou moins de perte de poids…

Reprise des planches.

Quand les conditions météo le permettent, le Biau Jardinier apprécie de pouvoir reprendre les planches immédiatement après récolte, en mobilisant le cultibutte auto-construit de la première génération, complété par l’outil de finition adapté aux conditions du moment : train de bêches roulantes traditionnelles de Bresse,

Passage de cultibutte auto-construit complété par la houe à bêches.

ou double rouleau de vibro. Les bonnes conditions sont plus souvent réunies lors des premières récoltes de poireau, mais bien moins souvent au gros de l’hiver ! Au paysan de s’adapter… et de sauter sur chaque occasion qui se présente.

Cette reprise de planche permet d’incorporer les restes de culture, de contrarier les adventices présentes

Reprise des planches permanentes par un passage de cultibutte monté avec le train de bêches roulantes

et ainsi laisser le sol en meilleure condition agronomique pour attendre le semis de la prochaine culture (légume ou engrais vert) prévue dans la rotation, (mais le plus souvent seulement quelques semaines plus tard pour cause d’hiver).

repirse de sol au cultibutte dès que possible pour faciliter la mise en pla ce de la culture suivante.

Préparation pour vente.

Épluchage, nettoyage et lavage du poireau pour la vente sont la dernière étape de la production. Chez les petits maraîchers diversifiés, çà n’est ni la moins longue ni la plus rentable…

«Plumer».

Il y a une cinquantaine d’années, dans certaines communes riches en petits maraîchers diversifiés où l’épluchage se faisant entièrement à la main, et en groupe, tous assis en cercle dans la grange, on appelait çà «plumer» les poireaux. Et quand en hiver, les nouvelles s’échangeaient en se croisant dans la rue, à la question «Alors, çà va, t’as fait quoi aujourd’hui ?» la réponse était bien souvent «On a plumé !…»

La préparation  à la main du poireau est une des galères hivernales du petit maraîcher diversifié : c’est pénible et répétitif, ça dure, et en plus… c’est pénible, répétif et ça dure !

Laveuse à poireau.

Il existe bien des fabricants d’une jolie machine qui fait ce travail, plutôt vite et plutôt bien : la laveuse, outil qui comme son nom l’indique, lave le poireau, et qui, en plus et «en même temps», en coupe les extrémités et élimine les feuilles abîmées. Bien sûr pour une bonne efficacité des heures de travail et en améliorer le confort, il est facile d’investir dans l’ensemble des outils adaptés à un seul légume quand c’est une production principale. Mais, pour le maraîcher diversifié, celui qui produit une cinquantaine de légumes différents, pour passer à la réalisation des rêves pour chaque légume, le tarif devient très très vite «dissuasif».

Car la laveuse à poireau a, pour le petit maraîcher diversifié, les caractéristiques du «monstre» :

  • une longueur très «respectable»
  • un tarif neuf non moins respectable…

Ce qui signifie qu’il faut disposer

  • de pas mal de place dans un bâtiment pour la loger
  • de pas mal de place aussi dans une ligne de crédit bancaire pour la financer !

Le Biau Jardinier avait donc gardé plusieurs années présent à l’esprit ce besoin lors de sa quotidienne consultation - très matinale - des annonces de matériel d’occasion et autres possibilités du réseau de ses connaissances. Et un beau jour, par le coup de fil d’un ami qui court facilement les ventes aux enchères, le Biau Jardinier a eu 3 minutes pour décider à distance de l’achat à très bas prix d’un tel monstre… qui fut donc acquis, démonté, transporté, remonté, révisé, branché, réparé, installé, apprivoisé. Et mis en route.

Cette très longue machine est, dans la situation paysanne concrète des Biaux Jardiniers, la solution mécanique simple pour améliorer l’efficacité du travail et soulager les travailleurs. Bien sûr, le pessimiste dirait que,

  • en utilisant de l’eau (potable, comme la réglementation l’exige)
  • en consommant l’électricité nécessaire à des moteurs (bruyants) là ou la main saurait faire sans rien de plus
  • en faisant entrer sur la ferme encore une machine - qui donc vient prendre la terre et leurs compétences aux paysans (sic)
  • en mobilisant une grande surface abritée du bâtiment bioclimatique (donc coûteuse)

on a tendance à aggraver par une course à «l’indusrialisation productiviste» la faible rentabilité de cette culture financièrement «limite» chez nous. Si ce point de vue du pessimiste reste valable dans la spĥère des belles théories morales, le paysan Biauptimiste, lui, constate que cette longue machine, plutot simple, divise le temps de travail total à consacrer au nettoyage du poireau par 3 ou 4 : ce serait bien dommage de faire sans elle ! Les Biaux Jardiniers, premiers concernés, ont tendance à penser que les conditions de leur travail et du revenu horaire déclaré qui leur est associé justifient amplement cet «investissement» à l’aspect «industriel» (!?).

Usage de la laveuse.

Pour faciliter la reprise manuelle des poireaux récoltés en palox

les Biaux Jardiniers utilisent le basculeur, outil qui permet au travailleur d’être à bonne hauteur et ainsi de s’économiser des peines inutiles (et les disques intervertébraux…).

Préparer les poireaux avec la laveuse, ça consiste d’abord à les ranger un à un sur le tapis, à l’entrée de la laveuse.

Le mouvement du tapis les achemine ensuite au centre de la machine, qui coupe les racines et l’excédent de longueur des feuilles. En tournant, les tétines épluchent les feuilles extérieures abîmées, tout ceci à l’abri de la carosserie de la machine, dont cette partie est aussi équipée de rampes d’aspersion qui lavent les poireaux pendant qu’ils sont travaillés.

À la sortie, le tapis les présente devant ceux qui les reprennent un à un, pour compléter manuellement leur nettoyage

et les ranger au fur et à mesure en cagettes.

Si les Biaux Jardiniers estiment certains poireaux trop vilains pour être vendus, ils les rangent sur une petite étagère face au poste de travail. Ces poireaux ci ne seront pas jetés mais mangés par les Biaux Jardiniers : ils constituent donc ce que nous appelons «le cordonnier» (puisque ce sont eux les plus mal chaussés ! dit la tradition…) : bref, l’art de faire bonne soupe ou bonne tarte avec des poireaux trop tordus.

Si la «chaine» avance plus vite que les «éplucheurs» et que de temps en temps un poireau «continue sa route» jusqu’au bout, au lieu de tomber au sol, il finit son périple sur une étagère, où les mains secourables d’une autre personne viennent s’occuper de lui fignoler sa séance de remise en forme esthétique.

Et ainsi de suite jusqu’à ce que la récolte du moment soit entièrement préparée.

Pour vérifier qu’ils disposent de la quantité prévue de poireau pour faire leurs paniers il y a bien évidemment besoin de peser ce qu’il reste de poireau après tout ce travail. Aussi, pour éviter de manipuler manuellement chaque caisse comme pour éviter les approximations hasardeuses, le Biau Jardinier a investi dans un petit transpalette peseur, qui affiche le résultat  total, dont il suffit de retrancher le total des tares, chiffre connu avec précision car l’industrie du plastique est un genre de science exacte :-))

Tout cela à l’abri hors gel dans le bon bâtiment bioclimatique chauffé 100% aux énergies renouvelables, dans une station debout correcte, avec un éclairage agréable, voire la sono de son choix… Les Biaux Jardiniers apprécient donc beaucoup cette laveuse, et surtout les agréables conséquences de cet investissement encombrant sur leur qualité de vie au travail !

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